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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/146

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des violences du désespoir qui remplit ses grandes scènes.

Quelques paroles sublimes, quelques scènes profondément humaines sont égarées entre ces deux monstres et vite étouffées par eux.

Parmi les plus irréconciliables ennemis qui soient au monde, il faut citer la musique et la grossièreté. Celle-ci n’a pas figuré dans l’opéra. L’opéra, qui a tant de défauts, n’a jamais été grossier.

Le désespoir et l’obscénité ne se ressemblent pas en apparence, et ne s’appellent pas logiquement ; mais ils s’appellent en fait, parce qu’ils sont deux émanations d’en bas. Peu d’œuvres, sur cette terre, ont eu autant qu'Hamlet, la puissance d’éveiller l’écho.

Il y a quelque chose de géant et de royal dans la nature de Shakspeare. Mais comme l’orgueilleux d’autrefois, il marche à quatre pattes et son œil est fixé à terre. Or les oiseaux chantent, mais les quadrupèdes ne chantent pas.


LE ROI LEAR


La critique cherche à sortir de l’enfance ; mais, parmi toutes les barrières qui lui ferment la route, la plus insurmontable, est l’injustice des noms célèbres, et le préjugé des réputations.

L’injustice nuit à tout. Si elle exalte telle œuvre qui ne mérite pas d’être exaltée, elle