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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/148

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exalte ; nous allons essayer de réparer celle qui rabaisse.

Il y a, dans l’œuvre de Shaskpeare, une magnifique et éclatante exception : c’est le Roi Lear. Il serait injuste de parler du poète anglais sans mettre à part ce drame singulier, sans le faire sortir des rangs, et d’insister sur Roméo et Juliette, sans insister sur le superbe contraste que la critique a le devoir de constater.

La première splendeur qui éclate dans le Roi Lear, c’est que le sujet du drame, c’est l’indignation.

L’indignation est un des plus beaux mouvements de l’âme humaine. Il faut se mettre en colère, dit l’Écriture, se mettre en colère et ne pas pécher. Il y aurait des volumes à écrire là-dessus. Mais, sans entrer dans la discussion profonde qu’il faudrait soulever, sans entrer dans l’appréciation morale de la colère qui ne pèche pas, il est certain que l’indignation est un des cris les plus sublimes que puisse entendre une terre déchue.

Le sujet du drame constate toujours, ou une grande faiblesse, ou une grande force de conception.

La beauté de l’Iliade tient à deux choses : la colère d’Achille, et la prière de Priam.

Le sujet, c’est la colère d’Achille, manifestée par sa retraite.

L’action du poème, c’est l’inaction du héros ; de là tout l’intérêt.