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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/150

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La simplicité de sa tendresse vraie éclate supérieurement auprès des emphases de la tendresse fausse, et le malheureux vieillard dupé par celle-ci, laisse tomber le cri naïf de sa naïve injustice : Quoi ! si jeune et si peu tendre !

Il n’insiste pas, et il a raison. Il met à nu toute son erreur, et se dépouille bien vite en faveur des menteuses. Le châtiment ne se fait pas attendre. Il est supérieurement approprié au crime, car ce vieillard injuste, qui a été roi, est puni dans sa vanité. La première chose qu’on lui enlève, c’est sa suite. On la lui enlève sous un prétexte très bien adapté à la chose. Il n’en a plus besoin. On la lui enlève petit à petit, et la cruauté se sent dans les détails de la progression. On la lui enlève avec des duretés ironiques, parfaitement choisies pour provoquer la fureur.

Les coups qui le frappent le frappent un à un, mais se succèdent rapidement. Chacun d’eux se fait savourer, mais aucun d’eux ne se fait attendre. Il y a d’admirables raffinements dans la dureté de Régane ; car la dureté, comme la tendresse, apparaît immense dans les plus petites choses. Le vieux père en appelle à l’autre. Mais la plus méchante est toujours celle à laquelle il parle. Et comme il a résumé l’injustice qu’il faisait, quand il s’est écrié, en dépouillant Cordélia : Si jeune et si peu tendre ! il résume l’injustice qu’il subit quand il se voit dépouillé :

Malheur à l’homme qui se repent trop tard !