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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/181

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sociale à classe sociale, de fortune à fortune, de talent à talent, d’intelligence à intelligence, le va-et-vient de l’Envie est une des formes de la respiration du genre humain tombé.

Les révolutions, filles et mères de l’Envie, la couronnent et la produisent, la consacrent et la redoublent. Chose frappante ! l’humilité qui passe généralement pour une vertu purement intérieure, utile seulement vis-à-vis de Dieu et relative à l’autre monde, est devenue une vertu sociale, ou plutôt a déclaré qu’elle l’était depuis le commencement.

Elle s’est révélée comme la loi fraternelle et humaine à laquelle les hommes doivent se soumettre, s’ils ne veulent pas se dévorer.

Dans les époques tranquilles, chacun occupe une place fixée par la situation de sa famille ou, plus rarement, déterminée par ses aptitudes naturelles, toujours déterminée par quelque chose de connu. Dans les époques tourmentées, chacun vise à tout, craint tout, espère tout. Autant il y a d’hommes sur la terre, autant d’aspirants vers les grandeurs suprêmes.

Enfin, dans l’époque absolument tourmentée, dans la nôtre, qui est la tourmente elle-même, la tourmente unique, la tourmente pure et sans mélange, quand le Désir a grandi, quand la puissance a diminué, quand la solidarité humaine mieux sentie et l’espace mieux vaincu font de la terre une seule demeure, autant il y a d’hommes vivants, autant de candidats au trône du monde. Dans