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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/188

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Il était né dans le ciel où volait Lucifer ; et sa première dupe, fidèle au souvenir de son infidélité, n’a pas oublié le procédé de sa ruine. Toutes les occasions lui sont bonnes, dès qu’il s’agit de faire le mal. Celui qui est ainsi tombé sait bien comment l’on tombe.

Il y a des fautes sur lesquelles l’attention de l’homme, dès qu’il a le sens moral, s’éveille facilement. Il y en a d’autres qui endorment le regard et échappent à son action. Ce phénomène peut être constaté, disions-nous, à propos de l’Avarice et de l’Envie. On pourrait le constater encore vis-à-vis de l’ingratitude et de l’injustice.

Les fautes qui blessent certaines vertus, la mansuétude par exemple, tombent tellement sous le regard, que très souvent le regard les exagère et même croit les voir là où elles ne sont pas.

Quelquefois les colères saintes scandalisent les âmes faibles.

Ce scandale montre de quelle manière et à quel point, avec quelle exigence et avec quelle intelligence les moralistes sont préoccupés de la mansuétude. Il y a des choses qui éveillent chez l’homme, non pas seulement la conscience, mais le scrupule.

Mais, disais-je, il y en a d’autres (l’avarice, l’envie, l’injustice, l’ingratitude), qui prennent droit de cité dans l’âme, sans tomber même sous le coup de la loi des suspects. Pourquoi cette impunité humaine ? Pourquoi cet aveuglement qui fait contraste avec une