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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/189

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attention et une pénétration quelquefois exagérée et trompée par son propre excès ?

Cette question porte loin, et je ne sais combien d’abîmes il faudrait franchir et combien de montagnes il faudrait escalader pour la trancher parfaitement.

Mais voici quelques observations qui se présentent d’elles-mêmes.

D’abord les fautes secrètes pour celui qui les commet ont un caractère commun ; elles dénotent généralement une âme basse. Les fautes ardentes sont quelquefois les égarements d’une grande nature. Il n’y a presque pas de grandes natures qui ne soient portées fortement à la colère. C’est pourquoi ce penchant s’avoue. C’est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles il se voit. L’homme veut bien dire :

Je suis prompt à la fureur et, si je ne me domptais, je serais redoutable. Heureusement pour vous, ma volonté est encore plus grande que mon indignation ; je suis assez maître de moi pour vous épargner.

L’homme veut bien dire que l’amour et la haine peuvent l’entraîner, et qu’il a besoin de toute sa force pour triompher de ces entraînements. Car le torrent qu’il avoue est un torrent qui quelquefois tombe de haut. Mais l’homme ne dit jamais, ou presque jamais :

Je suis envieux.

L’Envie atteste tellement l’infériorité qu’elle recule devant l’aveu d’elle-même. L’infériorité que l’Envie atteste n’est pas seulement