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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/249

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à la fois le caractère de l’enthousiasme et le caractère de l’impuissance.

Mais, poursuivons notre hypothèse. Supposons que nos deux interlocuteurs, qui s’adorent ou se querellent dans la nuit, prennent au sérieux leur erreur, la prolongent et l’adoptent pour point de départ de leur vie Il en résultera des catastrophes parce qu’ils auront pensé, senti, agi, vécu, en vertu de choses qui n’existent pas. Les rapports vrais des choses détruisant à chaque instant les rapports imaginaires sur lesquels ils ont bâti leur édifice, il en résultera un écroulement, et très souvent les hommes seront ensevelis sous les décombres de leur monument renversé.

Alors leur malheur devient une réalité sérieuse. L’effet du malentendu en fait oublier la cause et la nature. Le pathétique succède au comique.

Ainsi, dans les passions, quand la réalité se venge, quand l’argent avoue à l’avare son insuffisance pour donner le bonheur, quand les choses reprennent leur vrai nom, quand la vérité présente ou absente abat de près ou de loin les choses construites sans elle, tout tombe, tout se heurte, tout se précipite comme au dernier moment d’un cauchemar. Alors l’effet de la passion en fait oublier la cause et, la nature. Le pathétique succède au comique. Car le comique n’est jamais le dernier mot des choses.

En pénétrant plus avant, on aperçoit quelle est cette méprise qui produit le comique. La