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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/257

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Le don de soi est la condition de la vie. Plus l’homme s’épanche, plus il se fortifie ; plus sa vie est communiquée, plus elle est concentrée : plus elle est généreuse, plus elle est maîtresse d’elle-même ; plus elle est rayonnante, plus elle est centrale.

Et l’absorption en soi-même, qui se donne comme une garantie, une sécurité, une prudence de la vie qui se garde, est la condition même de la pourriture.

Mais il faut bien se garder de confondre l’isolement et la solitude.

L’isolement est la mort, la solitude est quelquefois la vie. L’isolement, c’est le chez soi.

La solitude est la patrie des forts, disait le P. de Ravignan.

L’homme d’affaires égoïste qui coudoie ses ennemis dans la foule affairée et pressée des égoïstes, n’a pas la solitude, mais il a l’isolement.

L’anachorète du désert vivait dans la solitude, personne moins que lui n’était isolé ; il était en communion avec l’humanité, dans son passé, dans son présent, dans son avenir ; car il était uni intimement à Celui en qui communiquent les êtres.

Aussi l’homme d’affaires qui vit entouré et isolé dans la foule égoïste, plus égoïste qu’elle, se corrompt et pourrit dans le tombeau de son cœur. Et comment s’envolerait-il, comment chanterait-il, lui qui vit sans air et sans souffle ? Numquid narrabit aliquis in sepulcro misericordiam tuam ?