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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/298

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représenté l’isolement. Il a élevé l’égoïsme à la hauteur d’une science. La fleur de l’isolement, c’est l’indifférence. La doctrine scientifique de l’indifférence, c’est le panthéisme, qui ne fait pas de différence entre les choses, puisqu’il les englobe toutes dans l’universelle divinité.

L’expression poétique du panthéisme, c’est la mythologie, qui, au lieu de voir dans la rose ou dans le cèdre deux créations du Créateur, y voit deux divinités créatrices d’elles-mêmes. La mythologie est obligée de voir dans la fontaine une naïade, n’ayant pas la force de remonter à l’idée d’une cause. La mythologie adore le dieu Tout, le dieu Pan, ne faisant pas de différence entre ceci et cela.

Voilà comment Gœthe en vient à adorer Jupiter. Il finit par regarder Jupiter comme son frère, fils comme lui du dieu Pan. L’œuvre de Gœthe est l’œuvre même de l’orgueil. Aussi ressemble-t-elle beaucoup à la tour de Babel.

Dans cette œuvre multiforme et qui vise à une unité impossible, l’homme Gœthe regarde l’humanité, et voudrait lui donner pour principe et pour fin Gœthe ; le savant Gœthe regarde l’humanité, et il la regarde comme s’il l’avait créée ; il voudrait la rapporter à lui Gœthe, comme principe et comme fin ; le poète Gœthe regarde Jupiter, et finit par se prendre lui-même pour un des dieux de l’Olympe.

Chacun de ces éléments est une des pierres