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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/300

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Werther est isolé dans la passion ; Faust est isolé dans la science ; Wilhelm Meister est isolé dans la foule.

L’isolement mène Werther au suicide, Faust à la honte, Wilhelm Meister à l’anéantissement.

Werther reçoit en partage le désespoir, sous la forme de la jalousie ; Faust, le désespoir, sous la forme du crime ; Wilhelm, le désespoir, sous la forme de l’ennui.

Werther semble représenter l’amour loin de la lumière ; Faust, la science loin de la lumière ; Wilhelm, l’expérience loin de la lumière.

Tous les héros de Gœthe semblent mourir comme il est mort, et crient comme il criait en mourant : De la lumière ! de la lumière ! Faites que plus de lumière entre ! Mais, dans la bouche des hommes qu’il fait parler, ce cri n’est qu’un cri, ce n’est pas une prière. Ce cri ne s’adresse pas à Dieu. Faust semble l’adresser à Méphistophélès ; Werther, à son pistolet, et Wilhelm au néant.

Le même cri retentit dans les Affinités électives : c’est ici la fatalité qui semble chargée de l’entendre. Cri terrible, stérile, fatal, que le désespoir lance au lieu de la prière, et qui, au lieu d’ébranler les portes du ciel, frappe la voûte sourde et muette d’une prison inexorable.

Chez Gœthe, les cris des désirs retentissent aux quatre horizons, mais leurs échos se réunissent pour y mourir étouffés dans le tom-