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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/317

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sur les puissances invisibles. Elle lui dit qu’il est le jouet d’ennemis tout-puissants et cachés, contre lesquels la sagesse perd son temps et ses efforts. Elle lui dit que ses maux sont sans remède, parce que les influences qui l’entourent sont fatales dans les deux sens de ce mot affreux : fatales, c’est-à-dire funestes ; fatales, c’est-à-dire inéluctables et décrétées par le fatum, par le Destin qui ne pardonne pas.

Hoffmann, on le devine facilement, est par excellence un auteur malsain. Il est l’homme des ténèbres. Sa parole est la parole des ténèbres. Son odeur est l’odeur des ténèbres. Son souffle est le souffle des ténèbres. Un œil pur purifie tous les spectacles qu’il voit : il fait comme la lumière qui traverse la boue sans salir ses rayons. Le contraire arrive à Hoffmann. Quoi qu’il regarde, son regard part d’en bas, et même quand il dit vrai, il empoisonne la vérité qu’il dit. Quel que soit le paysage, la vue est prise du monde des ténèbres. Dans le conte qui est intitulé : le Bonheur au jeu, l’intention est bonne et l’œuvre ne l’est pas. La leçon faite est instructive. Il s’agit d’effrayer les joueurs et de les écarter du jeu par un exemple terrible. Mais la force féconde, la vertu de la paix est absente de l’œuvre, parce que l’auteur parle dans le trouble et non dans la sérénité. Il semble écrasé, absorbé, englouti dans l’abîme qu’il nous signale : il crie au lieu de parler, et ce cri est infécond. Je ne serais pas étonné si ce conte