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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/319

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toute-puissance, absurde dans son caprice, est irrégulière dans ses effets.

Pour Hoffmann, le monde invisible est la manifestation insensée d’un enfer capricieux.

Dans Hoffmann, les vivants ressemblent à des morts. Le personnage principal de ses drames semble être un vampire qui aurait sucé, avant le lever du rideau, le sang des acteurs.

Hoffmann était, dit-il lui-même, toujours préoccupé de la démence. Je le crois bien, la démence est la seule loi de son œuvre. Son œuvre pourrait s’appeler : Proclamation des droits de la Folie et de l’Enfer.

Il y a une mystique infernale, qui est la science des ténèbres manifestées : l’Église connaît et possède cette science. Il ne faut pas confondre la mystique infernale et le fantastique. La mystique infernale est une réalité qui a ses lois. Le fantastique est un rêve sans loi. La mystique infernale connaît la nature des faits qu’elle constate, et n’oublie jamais la mystique céleste, que l’enfer parodie, sans la détruire. Le fantastique ignore la nature de rêves auxquels il essaye de donner une substance. Il prend ses cauchemars pour des principes.

Ayant fondé sur la peur son palais ténébreux, le fantastique vit de deux sentiments : l’horreur actuelle et l’attente d’une autre horreur, d’une horreur incompréhensible qu’il devine, qu’il pressent, qu’il espère même ; car l’horreur est sa joie. Dans l’ordre de la lumière, toute créature doit nous servir de