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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/320

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marchepied vers le Ciel. Toute créature doit nous parler de la pensée divine qu’elle manifeste. Dans le monde fantastique, toute créature nous sert d’escalier pour descendre dans l’abîme. Toute créature nous parle de la pensée infernale, qui, ayant pris la place de la pensée divine, dirige tout sans entrave et sans contrôle. Dans le monde fantastique, tout aspire vers l’enfer comme vers la consommation définitive. Toute créature semble un travail d’une horreur inexprimable dont l’horreur visible et actuelle n’est que l’indication et l’espérance.

Walter Scott a fait, sur Hoffmann, une étude qui est, dans l’ordre de la critique, un des types de la médiocrité. Walter Scott blâme Hoffmann, et il a raison ; mais il ne le blâme pas au nom d’une vérité supérieure aux fantômes, il le blâme au nom des habitudes bourgeoises, au nom des conventions étroites, au nom de cette puissance mesquine et arbitraire que les rhétoriciens appellent : le bon goût. Walter Scott condamne Hoffmann comme Voltaire l’aurait fait. Son arrêt n’atteint pas le coupable, parce que cet arrêt, au lieu de partir d’en haut, part d’en bas.

Voulez-vous savoir quelle conception Walter Scott a du fantastique ? Écoutez-le :

« Le goût des Allemands pour le mystérieux leur a fait inventer un genre de composition qui peut-être ne pouvait exister que dans leur pays et dans leur langue. C’est celui qu’on pourrait appeler le genre fantastique, où