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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/347

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dée sur une vérité dont on abuse. » Mais dans l’erreur que je viens d’indiquer et de formuler, il n’y aurait pas de vérité. La vérité serait non pas dénaturée, mais absolument et radicalement absente, c’est pourquoi cette erreur ne se produit pas. Ce serait l’erreur absolue.

Ceci est donc posé. La charité est le fondement de toute doctrine qui se soucie de l’espèce humaine. Il semblerait donc évident que tout homme qui se préoccupe de sa conscience, se préoccupe avant tout de pratiquer la charité.

Il est ainsi en droit.

Il n’en est pas ainsi en fait.

Dans la vie de beaucoup d’hommes, préoccupés de leur conscience et soucieux de ne pas la blesser, la charité, qui occupe nécessairement la première place en théorie, occupe la dernière place en pratique. Ceci est un phénomène bizarre dont la constatation me paraît nécessaire. Car pour guérir un mal, il faut le constater.

Tout homme qui soigne sa conscience est très délicat et quelquefois très scrupuleux sur certains points de morale et de convenance. À certains égards, il ressemble à l’hermine qui va mourir d’une tache, il craint qu’un souffle ne passe sur la pureté de son âme. Il va même très loin, dans l’ordre des précautions.

Mais ces craintes, ces sollicitudes ne s’étendent pas toujours à la charité. J’excepte, bien entendu, tous ceux qu’il faut excepter. Les saints, qui sont les continuateurs pratiques de