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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/355

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mille fois plus que tous les autres hommes, sujet à la souffrance.

En tant qu’homme de génie, il a une susceptibilité inouïe, peut-être maladive, certainement incommensurable à vos pensées.

Et le fer dont sont armés vos petits bras fait des blessures atroces dans une chair plus vivante, plus sensible que la vôtre, et les coups redoublés que vous frappez sur ces blessures béantes, ont des cruautés exceptionnelles, et son sang, quand il a coulé, ne coule pas comme le sang d’un autre.

Il coule avec des douleurs, avec des amertumes, avec des déchirements singuliers.

Il se regarde couler, il se sent couler, et ce regard et ce sentiment ont des cruautés que vous ne soupçonnez pas.

Pendant que vous lui promettez pour l’avenir un genre de gloire auquel alors il ne sera plus sensible, il subit actuellement, jour par jour, heure par heure, une torture féconde en horreurs ; et parmi ces horreurs, il y a des tentations !

Qui peut mesurer ce que c’est que d’imposer une tentation à un homme ? Vous pouvez donner une tentation à un homme, mais vous ne pouvez lui donner en même temps la grâce d’y résister.

Or l’homme de génie a plus de tentations que les autres. Toute hauteur rend la chute plus dangereuse, et il faut entourer celui qui monte de précautions et de secours.

Or que faites-vous ? Vous qui vous dispen-