Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/86

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un grand homme meurt, il y a ordinairement dans la foule quelqu’un qui lève la tête et hérite un peu de son esprit. Darius avait fait vœu, s’il montait sur le trône, de vendre aux Juifs le reste des vases sacrés. Le sort conspira en sa faveur, au jour de l’élection ; Darius fournit aux lévites les instruments de musique qui devaient célébrer la gloire du Dieu d’Israël, et Xerxès lui-même continua, vis-à-vis des Juifs, l’œuvre de ses prédécesseurs.

Le soin du peuple juif était l’héritage que Cyrus avait légué à ses successeurs. La Perse serait-elle chargée spécialement de la gloire ? On le dirait, car l’image renversée de la gloire apparaît dans les égarements des successeurs de Cyrus. Xerxès eût pu être sublime. Il aimait la souveraineté dans le fond de l’âme. Il voulait la terre pour empire, et la nature pour esclave, mais l’ambition vulgaire empoisonna chez lui le germe de la grandeur. Ses chaînes qu’il jette dans la mer pour se venger de l’eau désobéissante, indiquent quel roi cet homme eût été si l’orgueil ne l’eût pas abruti. Il contemple du haut d’un trône dressé sur une montagne son immense armée et pleure, car il n’est pas maître de la vie, et dans quelques années ces hommes seront morts. Orientale par excellence, la Perse avait du paradis terrestre un regret moins confus que la Grèce. La Perse regrettait la vie immortelle de l’homme et l’empire de la création perdu.

Nous sommes habitués depuis notre enfance à admirer la Grèce et à mépriser la Perse,