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Page:Hello-Les Plateaux de la balance, Perrin, 1923.djvu/93

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qu’elle soit pure. L’Orient devait garder les ressemblances et les splendeurs du soleil levant qui sort de la nue. Il tomba du haut de cette majesté, il tomba dans la mesure où il devait grandir. Il perdit l’intuition en perdant la pureté du regard. L’Orient commit les crimes monstrueux qui s’opposent directement à l’intuition, à l’innocence, à la lumière, à l’enfance, à la contemplation, à la naïveté du génie qui bondit en s’éveillant. Il fut livré à l’Occident qui, incapable de le comprendre, mais capable de le châtier, le frappa sans le connaître.

Annibal était sans doute un des représentants d’une civilisation disparue, qui avait mêlé de trop grandes erreurs à de très grandes vérités. Annibal était sans doute, dans l’histoire ancienne, le dernier témoin des choses antiques. Annibal était sans doute dépositaire de grands souenirs ; il haïssait Rome comme la grandeur tombée et affaiblie par sa chute déteste la force brutale sous le joug de laquelle elle va tomber, car voici une loi générale :

La grandeur impure est vaincue par la force brute.

Les lois de l’ancienne Rome, son organisation, sa conception de la cité, de la religion, de la famille, toute sa vie, tous ses mouvements, toute sa substance, tout en elle était une conspiration de la force brute contre l’intuition égarée des races affaiblies. Elle posait sa main de fer sur des fronts plus hauts que