Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/116

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais, dira-t-on, le prêtre atroce et sanguinaire
Tint-il toujours en main la hache meurtriere ?
Fit-il toujours couler le sang sur les autels ?
S’il parut quelquefois indulgent aux mortels,
C’est lorsqu’à l’univers il commandoit en maître ;
Mais sitôt que du vrai le jour vint à paroître,
Que le sage voulut saper l’autorité
D’un empire fondé sur l’imbécillité,
Le prêtre alors devint cruel, impitoyable ;
Armé par l’intérêt, il fut inexorable ;
Il ordonne le meurtre, il en fait un devoir.
Devant son tribunal le prince est sans pouvoir.
A son secours alors c’est en vain qu’il appelle
Cette même raison que bannit le faux zele ;
Aux esprits éclairés en vain il a recours,
Exilés d’un état ils le sont pour toujours :
Un roi reste entouré de sujets imbéciles,
Contre un clergé puissant défenseurs inhabiles.
Eh ! que peut-il alors sitôt que dans un cœur
L’aveugle intolérance a porté sa fureur ?
Qui peut lui résister ? Un mortel qu’il inspire
Sous ses drapeaux sacrés combat, triomphe, expire.
Pieusement cruel, il foule sans pitié
Les droits du sang, l’amour, et la tendre amitié.