Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/153

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seur royal, envieux, ou plus timide qu’eux ; misérables oiseaux à qui on rogne les ailes, qui veulent s’élever, et qui retombent en se cassant les jambes. Vous avez un génie mâle, et votre ouvrage étincelle d’imagination. J’aime mieux quelques unes de vos sublimes fautes, que les médiocres beautés dont on nous veut affadir. Si vous me permettez de vous dire en général ce que je pense pour les progrès qu’un si bel art peut faire entre vos mains, je vous dirai : Craignez, en atteignant le grand, de sauter au gigantesque. N’offrez que des images vraies, et servez-vous toujours du mot propre. Voulez-vous une petite regle infaillible pour les vers ; la voici : Quand une pensée est juste et noble, il n’y a encore rien de fait : il faut voir si la manière dont vous l’exprimez en vers seroit belle en prose ; et