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LETTRE XIX.

Mon cher confrere en Apollon, j’ai reçu de vous une lettre charmante, qui me fait regretter plus que jamais que les ordres de Plutus nous séparent, quand les muses devroient nous rapprocher. Vous corrigez donc vos ouvrages ; vous prenez donc la lime de Boileau pour polir des pensées à la Corneille. Voila l’unique façon d’être un grand homme. Il est vrai que vous pourriez vous passer de cette ambition ; votre commerce est si aimable que vous n’avez pas besoin de talents. Celui de plaire vaut bien celui d’être admiré. Quelques beaux ouvrages que vous fassiez, vous serez toujours au-dessus d’eux par votre caractere. C’est, pour le dire en passant, un mérite que n’avoit pas ce Boileau