Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/61

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Ce siecle fortuné disparut comme un songe.
Le siecle qui le suit voit le dieu du mensonge,
Le superbe Ariman, échappé des enfers,
Des ombres de l’erreur couvrir cet univers.
La terre à son aspect pousse des cris funebres ;
Le cœur aime le vice, et l’esprit les ténebres ;
On voit à la candeur, à l’ordre, à l’équité,
Succéder l’intérêt et la férocité ;
La paix voile son front et fait place à la guerre :
Tout combat, tout péril, tout change sur la terre.
Vous, des bords de l’Indus fortunés habitants,
Vous, les premiers témoins de ces grands changements.
Qui vîtes de la nuit éternelle et profonde
Ariman s’élever sur le trône du monde ;
Puissé-je, en traduisant vos sublimes écrits,
Sur les maux à venir rassurer les esprits ;
Présenter aux humains la douce et vive image
Des vertus, des plaisirs, des mœurs du premier âge !
Je veux, lorsqu’empruntant un plus hardi pinceau
J’aurai de leurs malheurs esquissé le tableau,
Leur annoncer enfin qu’un siecle de lumiere
Doit rendre l’*homme encore à sa vertu premiere.
Oromaze, engendré de cet immense feu
Qui se meut, qui conçoit, veut, vivifie, est Dieu,