Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/62

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A peine dans les cieux eut suspendu le monde,
Qu’en faveur des mortels sa main sage et féconde,
Enrichit de ses dons tous les climats divers.
Entre les habitants de ce vaste univers
Il en est deux sur-tout qu’il aime et qu’il inspire :
L’un se nomme Élidor, et l’autre Netzanire.
« Que béni soit le ciel ! se disoient-ils un jour ;
« Enchaînés à-la-fois par l’Hymen et l’Amour,
« Couple d’époux amants, quel bonheur est le nôtre !
« Nous vivons, Netzanire, et vivons l’un pour l’autre !
« Rappelle à ton esprit ce jour où dans les bois
« Je m’offris à tes yeux pour la premiere fois.
« Je le vis, et l’amour circula dans mes veines ;
« Impatient d’aimer, je demandais tes chaînes.
« Tu daignois m’écouter ; mes soupirs et mes vœux
« N’étoient point détournés par les vents envieux.
« Tu brûlois de l’amour qui dévoroit mon ame.
« L’Hymen, loin de l’éteindre, en irrite la flamme ;
« Elle résiste au temps. Chaque jour je te vois
« Plus adorable encor que la premiere fois.
« Le rayon argenté de la naissante aurore
« Est moins vivifiant, moins agréable à Flore
« Que ton regard ne l’est à ton époux heureux.
« Être Charmant, sais-tu ce que peuvent tes yeux,