Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/63

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« Ta forme, ta beauté, ta grace enchanteresse ?
« Sais-tu ce qu’en un cœur elle porte d’ivresse ?
« De ce corps façonné par la main des Amours
« N’as-tu jamais au bain admiré les contours ?
« Mon ame jusqu’aux cieux s’est souvent élancée ;
« Plein de toi, j’ai souvent, de l’œil de la pensée,
« Voulu tout comparer dans ce monde habité :
« Je n’ai rien apperçu qui t’égale en beauté.
« Si, distrait un instant de l’objet que j’adore,
« Je fixe mes regards sur l’éclatante aurore,
« Sur les cercles des cieux, sur les immenses mers,
« Sur ces orbes brûlants qui traversent les airs,
« Malgré l’étonnement qu’éprouve alors mon ame,
« Ce spectacle n’a rien qui m’émeuve et m’enflamme ;
« Je ne sens point en moi de secret mouvement ;
« Mon être enfin n’éprouve aucun grand changement.
« Ce superbe spectacle, excitant ma surprise,
« M’échauffe d’un plaisir que mon ame maîtrise.
« Que je suis différent alors que je te voi !
« Tout mon être, se change en approchant de toi.
« Le ciel à mon amour lia mon existence ;
« C’est par ici que je sens, c’est par toi que je pense :
« Loin de toi je te cherche et tout m’est odieux ;
« Mais lorsque ta présence embellit ces beaux lieux,