Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/70

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Que la nuit de l’esprit succede à la lumiere.
Homme crédule et vil, couvre-toi de poussiere ;
De toi-même ennemi, vis dans l’affliction ;
Reçois pour ton tyran la Superstition.
A son sceptre d’airain je soumets la nature ;
L’esprit sera nourri d’erreur et d’imposture ;
Le rebelle à ses lois, traîné dans les cachots,
Reconnoîtra son regne à des crimes nouveaux.
Par sa stupide foi que tout mortel m’honore.
Prêtres, baignez de sang l’autel où l’on m’adore.
Trop indulgent, sans doute, Oromaze autrefois
N’imposoit aux humains que leurs desirs pour lois ;
On adoroit ce dieu sans crainte et sans alarmes :
Mon culte, plus sévere, est le culte des larmes.
Que l’univers, créé par ce dieu bienfaisant,
A mon ordre en ce jour rentre dans le néant.
S’élevant à ces mots aux régions tonnantes,
Les airs sont comprimés sous ses ailes pesantes ;
Il plane sur les vents qui lui servent d’appui.
L’impitoyable Mort s’avance devant lui.
Ariman a déja, d’une main meurtriere,
Sous la terre allumé le soufre incendiaire ;
Les cieux autour de lui sont sillonnés d’éclairs ;
Et, des monts dont le pied sert de voûte aux enfers,