Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/73

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J’oublie et les mortels, et leurs maux, et moi-même.
Il n’est point de douleur près de l’objet qu’on aime.
Je mêle tour-à-tour sur ces lits odorants
Les voluptés de l’ame aux voluptés des sens.
Jure-moi, quand la mort, ä la suite de l’âge,
S’approchant à pas lents de ce paisible ombrage,
Dans la tombe avec toi viendra m’ensevelir,
Qu’elle me trouvera dans les bras du plaisir.
De cet espoir si doux ton amour est le gage.
L’amour est des mortels le plus bel apanage ;
C’est l’ivresse des sens, le plus beau don des cieux,
Le seul bien qui nous soit commun avec les dieux ;
Goûtons-le. Tu le sais, lui répond Netzanire,
Pour toi jusqu’à ce jour j’ai vécu, je respire.
L’univers ne m’est rien. Hélas ! pour mon bonheur,
Je n’ai rien desiré qu’un désert et ton cœur.
Mon ame, pour toi seul à l’amour accessible,
Au malheur des humains n’en est que plus sensible.
Il semble que l’amour dont mon cœur est ému
Exalte encore en moi l’amour de la vertu.
Tu vois de toutes parts la terre ravagée :
Ah ! mon cher Elidor, elle n’est point vengée.
Du dieu que nous servons renversant les autels,
Ariman à son joug a soumis les mortels.