Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 13.djvu/74

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Sa rage, en cet instant, qui paroît adoucie,
Pour les rendre au malheur les rappelle à la vie.
Des vices qu’il inspire il a fait leurs bourreaux ;
Il veut que chacun soit l’artisan de ses maux.
Pour les multiplier il laisse à l’ignorance
Le soin de féconder leur funeste semence.
Du pouvoir d’Ariman affranchis les humains :
Que leurs indignes fers soient brisés par tes mains.
Il faut par ta présence adoucir leurs miseres,
Secourir les mortels : ces mortels sont nos freres.
Sois pour eux sur la terre un dieu consolateur.
Pour t’éloigner de moi s’il en coûte à ton cœur,
Crois qu’il en coûte au mien ; et sois sûr que d’avance
J’éprouve en ce moment tous les maux de l’absence :
Mais n’importe ; je veux qu’en mon cœur agité
L’amour quelques instants cede à l’humanité.
Ton époux à ces traits reconnaît Netzanire :
Non, je n’en doute plus, c’est le ciel qui t’inspire ;
Il me parle ; et je vais, a ton commandement,
Jusques sur ses autels défier Ariman.
Dans ses mains, si je puis, j’éteindrai le tonnerre.
Je vais me dévouer au bonheur de la terre.
Tu le veux ; ton desir est ma suprême loi.
Puissé-je revenir plus digne encor de toi !