Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 14.djvu/183

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nées dans le sein de la paix, ne sont pas le fruit de la mûre raison, du sentiment vif et profond de l’égalité, moins encore de la persuasion intime que la démocratie fût le meilleur des gouvernements. Les peuples se trouvoient opprimés, leur ame étoit entraînée violemment vers la liberté ; ils secouoient le joug sans avoir même médité les moyens de donner une forme solide à la nouvelle constitution vers laquelle ils se précipitoient aveuglément. Les législateurs, qui sont des hommes, n’avoient point d’autres lumieres que celles de leur siecle ; et souvent ils avoient des passions particulieres. Ceux même qui voulaient le bien avec droiture se livroient à des vertus austeres qui n’ont pas leur source dans la nature humaine, mais dans une fausse idée de perfection impossible à la multitude ;