Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/105

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au sien. Quelque mérite qu’ait un bourgeois, il sera toujours méprisé d’un homme en place, si cet homme en place est stupide ; « quoiqu’il n’y ait, dit Domat, qu’une distinction civile entre le bourgeois et le grand seigneur, et une distinction naturelle entre l’homme d’esprit et le grand seigneur stupide. »

C’est donc toujours l’intérêt personnel, modifié selon la différence de nos besoins, de nos passions, de notre genre d’esprit et de nos conditions, qui, se combinant dans les diverses sociétés d’un nombre infini de manieres, produit l’étonnante diversité des opinions.

C’est conséquemment à cette variété d’intérêt que chaque société a son ton, sa maniere particuliere de juger et son grand esprit, dont elle feroit volontiers un dieu, si la crainte