Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/144

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spectacle des mœurs, des lois, des coutumes, des religions et des passions différentes, un homme, devenu presque insensible à l’éloge comme à la satyre des nations, peut briser tous les liens des préjugés, examiner d’un œil tranquille la contrariété des opinions des hommes, passer sans étonnement du serrail à la chartreuse, contempler avec plaisir l’étendue de la sottise humaine, voir du même œil Alcibiade couper la queue à son chien, et Mahomet s’enfermer dans une caverne, l’un pour se moquer de la légèreté des Athéniens, l’autre pour jouir de l’adoration du monde.

Or de pareilles idées ne se présentent que dans le silence et la solitude. Si les muses, disent les poëtes, aiment les bois, les prés, les fontaines, c’est qu’on y goûte une tranquillité qui fuit les villes ; et que les réflexions