Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/174

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point, comme un philosophe, le loisir de penser, d’acquérir un grand nombre d’idées[1], ni de reculer et les bornes de leur esprit et celles de l’esprit humain. Ce n’est point aux grands qu’on doit les découvertes dans les arts et les sciences ; leur main n’a pas levé le plan de la terre et du ciel, n’a point construit des vaisseaux, édifié

  1. C’est vraisemblablement ce qui a fait avancer à M. Nicole que Dieu avoit fait le don de l’esprit aux gens d’une condition commune, pour les dédommager, disoit-il, des autres avantages que les grands ont sur eux. Quoi qu’en dise M. Nicole, je ne crois pas que Dieu ait condamné les grands à la médiocrité. Si la plupart d’entre eux sont peu éclairés, c’est par choix, c’est qu’ils sont ignorants, et qu’ils ne contractent point l’habitude de la réflexion. J’ajouterai même qu’il n’est pas de l’intérêt des petits que les grands soient sans lumières.