Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/182

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C’est que le public sent confusément que l’estime est entre ses mains un trésor imaginaire, qui n’a de valeur réelle qu’autant qu’il en fait une distribution sage et ménagée ; que par conséquent il ne doit point attacher d’estime à des travaux dont tous les hommes sont capables. L’estime alors, devenue trop commune, perdroit, pour ainsi dire, toute sa vertu ; elle ne féconderoit plus les germes d’esprit et de probité répandus dans toutes les ames, et ne produiroit plus enfin ces hommes illustres en tous les genres qu’anime à la poursuite de la gloire la difficulté de l’obtenir. Le public apperçoit donc qu’à l’égard de l’agriculture c’est l’art et non l’artiste qu’il doit honorer ; et que, s’il a jadis, sous les noms de Cérès et de Bacchus, déifié le premier laboureur et le premier vigneron, cet honneur,