Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/203

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comme vertueux. Mais, après avoir assis les fondements d’une bonne législation, après s’être assuré par la forme même du gouvernement de l’exactitude avec laquelle les lois seroient toujours observées, il falloit que, moins orgueilleux, ou plus éclairé, ce législateur prévît les révolutions qui pourroient arriver dans les mœurs et les intérêts de ses peuples, et les changements qu’en conséquence il faudroit faire dans ses lois ; qu’il déclarât à ces mêmes peuples, par lui ou par ses successeurs, le mensonge utile et nécessaire dont il s’étoit servi pour les rendre heureux ; que, par cet aveu, il ôtât à ses lois le caractere de divinité qui, les rendant sacrées et inviolables, devoit s’opposer à toute réforme, et qui peut-être eût un jour rendu ces mêmes lois nuisibles à l’état, si, par le débarquement des Euro-