Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/230

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut-être la plus dangereuse. Un peuple, eût-il d’ailleurs les mœurs les plus pures, s’il est attaqué de cette corruption, est nécessairement malheureux au dedans, et peu redoutable au dehors. La durée d’un tel empire dépend du hasard, qui seul en retarde ou en précipite la chûte.

Pour faire sentir combien cette anarchie de tous les intérêts est dangereuse dans un état, considérons le mal qu’y produit la seule opposition des intérêts d’un corps avec ceux de la république ; donnons aux bonzes, aux talapoins, toutes les vertus de nos saints : si l’intérêt du corps des bonzes n’est point lié à l’intérêt public ; si, par exemple, le crédit du bonze tient à l’aveuglement des peuples ; ce bonze, nécessairement ennemi de la nation qui le nourrit, sera, à l’égard de cette nation, ce que les Romains étoient à