Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/257

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se rendre utile à sa patrie. Il est alors en état de peser les avantages et les inconvénients d’une loi ou d’un usage, et de juger s’il doit être aboli ou conservé. On n’est que trop souvent contraint de se prêter à des abus et même à des usages barbares. Si dans l’Europe on a si long-temps toléré les duels, c’est qu’en des pays où l’on n’est point, comme à Rome, animé de l’amour de la patrie, où la valeur n’est point exercée par des guerres continuelles, les moralistes n’imaginoient peut-être pas d’autres moyens, et d’entretenir le courage dans le corps des citoyens, et de fournir l’état de vaillants défenseurs. Ils croyoient par cette tolérance acheter un grand bien au prix d’un petit mal : ils se trompoient dans le cas particulier du duel ; mais il en est mille autres où l’on est réduit à cette option. Ce n’est souvent