Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/258

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qu’au choix fait entre deux maux qu’on reconnoît l’homme de génie. Loin de nous tous ces pédants épris d’une fausse idée de perfection. Rien de plus dangereux dans un état que ces moralistes déclamateurs et sans esprit qui, concentrés dans une petite sphere d’idées, répetent continuellement ce qu’ils ont entendu dire à leurs mies, recommandent sans cesse la modération des desirs, et veulent en tous les cœurs anéantir les passions. Ils ne sentent pas que leurs préceptes, utiles à quelques particuliers placés dans certaines circonstances, seroient la ruine des nations qui les adopteroient.

En effet, si, comme l’histoire nous l’apprend, les passions fortes, telles que l’orgueil et le patriotisme chez les Grecs et les Romains, le fanatisme chez les Arabes, l’avarice chez les