Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/51

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la préférence sur ceux qui le sont davantage. Pourquoi Malherbe préféroit-il Stace à tout autre poëte ? Pourquoi Heinsius[1] et Corneille faisoient-ils plus de cas de Lucain que de Virgile ? Par quelle raison Adrien préféroit-il l’éloquence de Caton à celle de Cicéron ? Pourquoi Scaliger[2] regardoit-il Homere et Horace comme fort inférieurs à Virgile et à Juvenal ? C’est que l’estime plus ou moins grande qu’on a pour un auteur dépend de l’analogie

  1. « Lucain, disoit Heinsius, est, à l’égard des autres poëtes, ce qu’un cheval superbe et hennissant fièrement est à l’égard d’une troupe d’ânes, dont la voix ignoble décele le goût qu’ils ont pour la servitude. »
  2. Scaliger cite comme détestable la dix-septieme ode du quatrieme livre d’Horace, que Heinsius cite comme un chef-d’œuvre de l’antiquité.