Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/61

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d’ailleurs il se croira tellement dédommagé de la supériorité qu’ont sur lui les hommes que je viens de citer, soit en cherchant à trouver de la frivolité dans les arts et les sciences, soit par la variété de ses connoissances, le bon sens, l’usage du monde, ou par quelque autre avantage pareil ; que, tout pesé, il se croira aussi estimable que qui que ce soit[1].

  1. On se loue de tout : les uns vantent leur stupidité sous le nom de bon sens ; d’autres louent leur beauté ; quelques uns, enorgueillis de leurs richesses, mettent ces dons du hasard sur le compte de leur esprit et de leur prudence ; la femme qui compte le soir avec son cuisinier se croit aussi estimable qu’un savant. Il n’est pas jusqu’à l’imprimeur d’in-folio qui ne méprise l’imprimeur de romans, et qui ne se croie aussi supérieur au dernier que l’in-folio l’est en masse à la brochure.