Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 2.djvu/78

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piqué, et ses favoris l’excitoient à la vengeance : « Punissez, disoient-ils, un insolent. — Je sais, leur répondit-il, que la vengeance m’est facile ; un mot suffit pour me défaire d’un rival, et c’est ce qui m’empêche de le prononcer. »

Une pareille modération est trop rare ; la vérité est ordinairement trop mal accueillie des princes et des grands, pour séjourner long-temps dans les cours. Comment habiteroit-elle un pays où la plupart de ceux qu’on appelle les honnêtes gens, habitués à la bassesse et à la flatterie, donnent et doivent réellement donner à ces vices le nom d’usage du monde ? On apperçoit difficilement le crime où se trouve l’utilité. Qui doute cependant que certaines flatteries ne soient plus dangereuses, et par conséquent plus criminelles, aux yeux d’un prince ami