Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/123

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able s’il fût né sur les bords du Tibre. En vain quelques hommes, dupes de leur paresse à s’examiner, et de leur vanité à se croire bons, s’imaginent devoir à l’excellence particuliere de leur nature les sentiments humains dont ils seroient affectés à un pareil spectacle ; l’homme sensé convient que la nature, comme le dit Pascal[1], et comme le prouve l’expérience, n’est rien autre chose que notre premiere habitude. Il est donc absurde de vouloir cacher aux hommes le principe qui les meut.

Mais supposons qu’on y réussît, quel avantage en retireroient les nations ? On ne feroit certainement que voiler aux yeux des gens grossiers le sentiment de l’amour de soi ; on n’em-

  1. Sextus Empiricus avoit dit avant lui que nos principes naturels ne sont peut-être que nos principes accoutumés.