Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/143

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des hommes qui, persuadés qu’un citoyen sans courage est un citoyen sans vertu, sentent que les biens et la vie même d’un particulier ne sont, pour ainsi dire, entre ses mains qu’un dépôt qu’il doit toujours être prêt de restituer lorsque le salut du public l’exige. Mais de pareils hommes sont toujours en trop petit nombre pour éclairer le public. D’ailleurs la vertu est toujours sans force lorsque les mœurs d’un siecle y attachent la rouille du ridicule. Aussi la morale et la législation, que je regarde comme une seule et même science, ne feront-elles que des progrès insensibles.

C’est uniquement le laps du temps qui pourra rappeller ces siecles heureux désignés par les noms d’Astrée ou de Rhée, qui n’étoient que l’ingénieux emblême de la perfection de ces deux sciences.