Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/155

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mers, à se perdre dans un horizon reculé.

Tout ce qui est grand a droit de plaire aux yeux et à l’imagination des hommes : cette espece de beauté l’emporte infiniment dans les descriptions sur toutes les autres beautés, qui, dépendantes, par exemple, de la justesse des proportions, ne peuvent être ni aussi vivement ni aussi généralement senties, puisque toutes les nations n’ont pas les mêmes idées des proportions.

En effet, si l’on oppose aux cascades que l’art proportionne, aux souterrains qu’il creuse, aux terrasses qu’il éleve, les cataractes du fleuve S.-Laurent, les cavernes creusées dans l’Etna, les masses énormes de rochers entassés sans ordre sur les Alpes, ne sent-on pas que le plaisir produit par cette prodigalité, cette