Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/237

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fatigue de l’ennui et de l’impatience pour la fatigue de l’application. En effet, s’il n’est point d’homme sans desirs, il n’est point d’homme sans attention. Lorsque l’habitude en est prise, l’attention devient même un besoin. Ce qui rend l’attention fatigante, c’est le motif qui nous y détermine. Est-ce le besoin, l’indigence, ou la crainte ? l’attention est alors une peine. Est-ce l’espoir du plaisir ? l’attention devient alors elle-même un plaisir. Qu’on présente au même homme deux écrits difficiles à déchiffrer ; l’un est un procès verbal, l’autre est la lettre d’une maîtresse : qui doute que l’attention ne soit aussi pénible dans le premier cas qu’agréable dans le second ? Conséquemment à cette observation, l’on peut facilement expliquer pourquoi l’attention coûte plus aux uns qu’aux autres.