Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/52

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Perses, devoit mépriser tous les arts propres à amollir le courage, qu’on eût peut-être avec raison déifiés à Tyr ou à Sidon.

D’où vient a-t-on moins d’estime en Angleterre pour la science militaire, qu’à Rome et dans la Grece on n’en avoit pour cette même science ? C’est que les Anglais, maintenant plus Carthaginois que Romains, ont, par la forme de leur gouvernement et par leur position physique, moins besoin de grands généraux que d’habiles négociants ; c’est que l’esprit de commerce, qui nécessairement amene à sa suite le goût du luxe et de la mollesse, doit chaque jour augmenter à leurs yeux le prix de l’or et de l’industrie ; doit chaque jour diminuer leur estime pour l’art de la guerre, et même pour le courage : vertu que, chez un peuple libre, soutient long-