Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 3.djvu/59

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félicitent d’un ton superbement modeste d’avoir préféré l’utile à l’agréable, et d’avoir, au défaut d’esprit, fait, disent-ils, emplette de bon sens, qui, dans la signification qu’ils attachent à ce mot, est le vrai, le bon et le suprême esprit ! De telles gens doivent toujours prendre les philosophes pour des spéculateurs visionnaires, leurs écrits pour des ouvrages sérieusement frivoles, et l’ignorance pour un mérite.

Les richesses et les dignités sont trop généralement desirées pour qu’on honore jamais les talents chez les peuples où les prétentions au mérite sont exclusives des prétentions à la fortune. Or, pour faire fortune, dans quel pays l’homme d’esprit n’est-il pas contraint à perdre dans l’antichambre d’un protecteur un temps que, pour exceller en quelque genre que ce soit,