Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/138

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La conclusion générale de ce que j’ai dit sur l’origine des passions, c’est que la douleur et le plaisir des sens font agir et penser les hommes, et sont les seuls contrepoids qui meuvent le monde moral.

Les passions sont donc en nous l’effet immédiat de la sensibilité physique. Or tous les hommes sont sensibles et susceptibles de passions ; tous, par conséquent, portent en eux le germe productif de l’esprit. Mais, dira-t-on, s’ils sont sensibles, ils ne le sont peut-être pas tous au même degré. On voit, par exemple, des nations entieres indifférentes à la passion de la gloire et de la vertu. Or, si les hommes ne sont pas susceptibles de passions aussi fortes, tous ne sont pas capables de cette même continuité d’attention qu’on doit regarder comme la cause de la grande inégalité de leurs