Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/168

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éléments, et gouverne chaque atome avec un sceptre de fer.

La division une fois semée entre les citoyens, il faut, pour avilir et dégrader les ames, faire sans cesse étinceler aux yeux des peuples le glaive de la tyrannie, mettre les vertus au rang des crimes, et les punir comme tels. À quelles cruautés ne s’est point en ce genre porté le despotisme, non seulement en Orient, mais même sous les empereurs Romains ! Sous le regne de Domitien, dit Tacite, les vertus étoient des arrêts de mort. Rome n’étoit remplie que de délateurs ; l’esclave étoit l’espion de son maître, l’affranchi de son patron, l’ami de son ami. Dans ces siecles de calamité, l’homme vertueux ne conseilloit pas le crime, mais il étoit forcé de s’y prêter. Plus de courage eût été mis au rang des forfaits. Chez les