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passions dans un état ; elles en sont l’ame et la vie. Le peuple le plus passionné est à la longue le peuple triomphant.

L’effervescence modérée des passions est salutaire aux empires : ils sont à cet égard comparables aux mers dont les eaux stagnantes exhaleroient en croupissant des vapeurs funestes à l’univers, si, en les soulevant, la tempête ne les épuroit.

Mais, si la grandeur des nations soumises au pouvoir arbitraire n’est qu’une grandeur momentanée, il n’en est pas ainsi des gouvernements où la puissance est, comme dans Rome et dans la Grece, partagée entre le peuple, les grands, ou les rois. Dans ces états, l’intérêt particulier, étroitement lié à l’intérêt public, change les hommes en citoyens. C’est dans ces pays qu’un peuple, dont les succès tiennent à