Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/31

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infiniment plus d’attention à l’examen d’un fait de physique, souvent peu important pour l’humanité, qu’un sultan à l’examen d’une loi d’où dépend le bonheur ou le malheur de plusieurs milliers d’hommes ? Si ce dernier emploie moins de temps à méditer, à rédiger ses ordonnances et ses édits, qu’un homme d’esprit à composer un madrigal ou une épigramme, c’est que la méditation, toujours fatigante, est, pour ainsi dire, contraire à notre nature[1] ; et

  1. Quelques philosophes ont à ce sujet avancé ce paradoxe, que les esclaves, exposés aux plus rudes travaux du corps, trouvoient peut-être dans le repos de l’esprit dont ils jouissoient une compensation à leurs peines, et que ce repos de l’esprit rendoit souvent la condition de l’esclave égale en bonheur à celle du maître.