Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/43

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faire leurs besoins ; bientôt après ils essaieront par des cris d’exprimer les impressions de plaisir et de douleur qu’ils reçoivent. Ces premiers cris formeront leur premiere langue, qui, à en juger par la pauvreté de quelques langues sauvages, a dû d’abord être très courte, et se réduire à ces premiers sons. Lorsque les hommes, plus multipliés, commenceront à se répandre sur la surface du monde, et que, semblables aux vagues dont l’océan couvre au loin ses rivages et qui rentrent aussitôt dans son sein, plusieurs générations se seront montrées à la terre, et seront rentrées dans le gouffre où s’abyment les êtres ; lorsque les familles seront plus voisines les unes des autres ; alors le desir commun de posséder les mêmes choses, telles que les fruits d’un certain arbre ou les faveurs d’une certaine