Page:Helvétius - Œuvres complètes d’Helvétius, tome 4.djvu/52

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elle plus pardonnable qu’elle ne le seroit à des hommes nés dans l’abondance, parmi lesquels on ne trouve guere que des avares fastueux ou voluptueux.

Pour faire voir comment dans les premiers la crainte de manquer du nécessaire les force toujours à s’en priver, supposons qu’accablé du faix de l’indigence quelqu’un d’entre eux conçoive le projet de s’y soustraire. Le projet conçu, l’espérance aussitôt vient vivifier son ame affaissée par la misere ; elle lui rend l’activité, lui fait chercher des protecteurs, l’enchaîne dans l’antichambre de ses patrons, le force à s’intriguer auprès des ministres, à ramper aux pieds des grands, et à se dévouer enfin au genre de vie le plus triste, jusqu’à ce qu’il ait obtenu quelque place qui le mette à l’abri de la misere. Parvenu à cet état,